Témoignage du 14 juin 2021
" Je m'appelle Catherine j'ai 38 ans, je suis maman d'une petite fille née en 2019. J'ai une utérus bicorne. Je l'ai toujours su. On m'avait dit que ça n'aurait aucune incidence. En 2018/2019 je décide de devenir maman. Je tombe enceinte au deuxième essai autant dire quasiment tout de suite Ma grossesse s'est bien passée avec très peu de symptômes malgré bcp de travail et bcp de stress dans ma vie personnelle. Ça me paraissait normal. Je sais pas comment le décrire autrement comme si ça devait arriver donc ça arrivait rapidement.
Bref. Le terme est prévu pour début le Nov le 6 exactement. En juillet je pars en vacances, ma grossesse commence a peine à se voir. on part en voiture (un long trajet - personne ne m'a alertée sur le fais que c'était déconseillé) et un moment je ne sais pas pourquoi je demande a ma conjointe a partir de quel terme un bébé peu survivre. Cette question venait de nul part, vraiment juste une crainte tout a coup. Et je lui dis si la tout de suite on a un accident de voiture je veux que vous sauviez mon bébé d'abord. Et puis la crainte passe.
Début août un matin je me réveille a 5h je sens que mon lit est trempé avant même d'allumer la lumière je me mets a crié une angoisse terrible - "est ce que c'est du sang? Est ce que c'est du sang" finalement non. Ma compagne me.dit ça arrive aux femmes enceintes de faire pipi au lit c'est pas grave. On change les draps et on se recouche mais je sens que ça continue de couler. J'ai perdu les eaux. Je vais a la maternité on me confirme que j'ai perdu les eaux je suis a 27 sa, 5 mois et trois semaines. On me transfère dans un hôpital de niveau 3 le stress monte d'un coup. L'équipe se met a me tutoyer a me parler doucement à me cajoler - physiquement je ne ressens rien. Mais le moniteur indique que j'ai des contractions. On me passe des produits pour les arrêter. on m'hospitalise dans le service de grossesse a haut risques. Tout à coup ce matin là je bascule en quelque minutes d'une grossesse asymptomatique à une grossesse à haut risques. Mais bon finalement pas d'infection, mon col est bien fermé. Tout peut arriver. Je peux tenir jusqu'à presque terme (ayant perdu les eaux on m'annonce qu'au mieux on me déclenchera a 8 mois. Je peux aussi accoucher le lendemain... Personne ne sait. Pour diminuer les risques infectieux on m'hospitalise a domicile avec monitoring tous les 2 jours et écho chaque semaine. 2 semaines plus tard a l'écho (semaine du 15 août) l'échographe me dit le bébé ne bouge plus elle a arrêté de se développer je vous renvoie a l'hôpital. Et elle me laisse la tout seule me tapant sur l'épaule et concluant par "ne vous inquiétez pas ils savent faire". Je me retrouve dans la rue devant aller a l'hosto qui est a au moins 45 min de transports. Je panique. Je prends un taxi. Contractions échographie ré échographie contrôles en tout genre. Les contractions se calment. Elle n'a plus du tout de liquide amniotique mais le col est toujours bien fermé on m'assure que c'est pas pour tout de suite.
Finalement j'accouche le lendemain a 29 sa - 6 mois et 1 semaine dans un stress incroyable, réaction a la péridurale, bradycardie du bébé césarienne d'urgence... On me montre mon bébé de loin et on l'emmène... Je ne pourrait la tenir dans les bras que 16h plus tard.... 2 mois d'hospitalisation réanimation, soin intensif Neonat... elle va bien mais les début sont très durs... Je mets longtemps a sentir que c'est mon bébé. Que je suis maman. Pour finaliser cette période atroce, le 16 octobre on m'annonce que la fille va enfin sortir de l'hôpital et pouvoir rentrer a la maison et dans la même journée j'apprends que ma maman va mourir. Le 6 Nov date de mon terme j'enterre ma maman. Gros coup dur ! aujourd'hui ma fille n'a pas de séquelles physiques mais pour moi la blessure de ce début de maternité reste très douloureuse... Mais bon la vie avance. Je me fais suivre je remonte la pente doucement. Je discute avec les médecin essayant de comprendre pourquoi cette grande prématurité... Réponse : Faute a pas de chance / on ne sait pas / ça arrive !
Un an plus tard, je souhaite me lancer dans une deuxième grossesse, j'ai 38 ans j'ai pas envie d'attendre ... Je tombe enceinte de nouveau très rapidement. Tout va bien. J'ai peur de la prématurité bien sûr mais bon les médecins ont été rassurant "faute a pas de chance" ce serait étrange que ça m'arrive de nouveau. Je suis très excité et très heureuse je prévois tout. Inscription a la maternité rdv de datation, echo de 1 trimestre ... Rdv avec la sage femme va me suivre en ville pour voir aussi comment ne pas risquer une Prema. Le bonheur. Autant j'étais dans l'expectative pour ma fille autant là je veux être pleinement actrice de cette grossesse et en profiter à fond. Je fais l' écho de datation c'est un peu tôt : tout va bien mais je dois revenir 10 jours plus tard. Entre temps j'ai de petites pertes de sang j'appelle la sage femme elle me dit d'aller aux urgences j'y vais. Ils me laissent attendre 11h30 avant de m'examiner. Je ne suis pas prioritaire je ne suis qu'au premier trimestre.
Donc au bout de 11h30 l'interne s'excuse quand même un peu me fait une écho et me dit que les saignements sont du vieux sang rien à voir avec ma grossesse. Comme c'est tôt elle peut pas se prononcer sur l'évolutivité. Je ne comprends pas ce que ça veut dire mais je retiens que c'est trop tôt pour voir le cœur que tout va bien et que je ne suis pas en train de faire une fausse couche. 10 jours plus tard je retourne a l'écho de datation bis : ah c'est bizarre on entend pas le cœur je suis à 8sa on me dit que j'ai dû me tromper dans les dates parce qu'Il y a un foetus parfaitement normal de 5 sa il faut revenir 10 j plus tard. Je reviens de nouveau on me dit votre grossesse évolue normalement mais pas aux dates que vous donnez... Toujours pas de battements cardiaques ! Personne ne veut me dire que la grossesse est arrêtée je dois encore revenir.
A 11 sa après plusieurs échos et toujours les mêmes réponses je sais que c'est terminé. Je suis dévastée on me propose des médicaments je ne veux pas je le ressens comme très intrusif je veux que ce soit naturel je demande à mon corps de faire ce qu'il faut, je le supplie. Je commence à saigner abondamment 2 jours plus tard. J'ai très mal physiquement et psychologiquement. Au milieu de la nuit je commence à avoir des contractions aussi douloureuses qu'un début d'accouchement je me tords de douleur. Je pars à l'hôpital. Le sac est coincé dans le col je souffre beaucoup. l'interne enfonce rapidement le spéculum je hurle de douleur et elle me dit "bon madame faut vous détendre là hein vous n'êtes pas une urgence vitale donc bon! " / elle décoince le sac par un toucher vaginal très douloureux. la douleur ensuite se calme je rentre chez moi.
Mon cœur est brisé. Je demande pourquoi, que s'est-il passé ? Réponse ça arrive / c'est courant / c'est faute à pas de chance.
Malgré la peine je ne veux pas attendre. Si ça arrive alors faut pas se laisser abattre. Je retombe enceinte trois mois plus tard. Je suis très stressée je fais des tests sanguins, je trouve les taux bas, je consulte, on me dit que ça ne veut rien dire, qu'il faut que je me relaxe, je refais des test sanguins pour voir l'évolution du taux, il n'augmente pas beaucoup. Je sais au fond de moi que je vais le perdre ... encore ... Je commence à saigner à 6 sa. Je parle à mes proches de la peine / ah mais t'as eu tes règles en fait ? C'est pas vraiment une fausse couche à ce stade ? / Écoute c'est pas grave, tu sentais bien que quelque chose n'allait pas ! / Quelques jours plus tard je vais voir la sage femme qui me suit je commence à demander pourquoi, est-ce qu'il y a quelques chose qui ne va pas? elle me répond que c'est "faute à pas de chance - il a bon dos et je voudrais comprendre mais pas de réponse .
Je retombe enceinte à l'ovulation qui suit soit 15 j après ma fausse couche. Avant de découvrir cette nouvelle grossesse, je prends rdv chez mon gynéco cherchant toujours des réponses et comme je ne l'ai pas vu depuis le début de ma 1ere grossesse il me demande de lui raconter tout ce qui s'est passé depuis mon dernier rdv. Je lui raconte donc la prématurité les 2 fausses couches et tranquillement il me répond " ah mais oui ça c'est dû à votre utérus bicorne!" - pardon? - oui votre utérus bicorne c'est normal ! - euh pardon mais comment ça ? Qu'est-ce qui est "normal"? - ah mais on ne vous à pas prévenu? - prévenu de quoi? - vous n'aurez que des fausses couches ou des Prema et si vous menez une grossesse, il faut s'arrêter de travailler dès le début avec cette malformation, être alitée être suivie en hôpital de niveau 3 et malgré ça ce sera des Prema de plus en plus Prema ! Et il me dit "moi je vous le signe ! C'est sûr" Le monde s'effondre sur ma tête ! Ma 1ere fille est née a 6 mois de grossesse avant même que j'ai pu la sentir bouger dans mon ventre ! Alors des Prema de plus en plus Prema c'est quoi ???? Et il me dit ça tranquillement comme si c'était normal mais lui même ne m'a jamais prévenu de quoique ce soit par rapport à mon utérus bicorne !
Je lui demande de me faire quand même des examens il me répond que c'est pas la peine que c'est mon utérus c'est tout. Il me fait quand même une écho et là il me dit qu'il y a un résidu placentaire qui date de la grossesse de ma fille (les deux autres n'étant pas placées dans la même corne ça ne peut pas venir de mes bébés anges) je tombe encore un peu plus sous le sol. Comment avec une césarienne peut il rester des résidu placentaire ? Et il me dit que le résidu s'est calcifié dans mon utérus il me prescrit une hystéroscopie. Et je repars dévastée perdue totalement démunie avec encore plus de questions et de la colère je me dis que si on m'avait dit, si on m'avait arrêté plus tôt ma fille n'aurait peut être pas été une si grande Prema que j'aurais pu être mieux préparer à la possibilité de ces deux fausses couches ... Je me sens littéralement trahie et abandonnée par le corps médical. Je rentre chez moi et je prends rdv dans un hôpital pour l'hystéroscopie. Puis 2 semaines plus tard je découvre donc que je suis encore enceinte. Et là je me dis je ne fais rien! Pas de prise de sang pas de rdv chez des médecins rien. J'ai des symptômes claires très rapidement je sens que tout va bien et je veux rester comme ça ! Juste avec mon ressenti.
Je finis au bout de deux semaines par appeler quand même l'hôpital pour déprogrammer l'hystéroscopie et la secrétaire me dit que le médecin souhaite quand même me voir. J'y vais à reculons. Je tombe sur une Doc super qui me rassure me confirme quand même les risques du fait de mon utérus et de mon antécédent de Prema, me dit qu'elle a besoin d'échos rapidement avant que la grossesse n'avance trop pour tenter de bien voir comment est mon utérus qu'ensuite elle fera un cerclage et que dès la fin du premier trimestre, je devrais m'arrêter de travailler. Elle me dit oui y a des Risques de fausses couches et de Prema mais on va tout faire pour que ça n'arrive pas. Bon ! Je repars confiante. Je sens bien cette grossesse. Je ne veux pas stresser. Arrive l'écho, la Doc est là en plus de l'échographe. On m'annonce une grossesse gémellaire je fond en larme. Je sais que les grossesses gémellaires ont plus de risques d'accouchement prématuré et moi dans mon cas ça fait double risque ! Elle me rassure, l'écho servant à tenter de voir exactement comment est fait mon utérus, l'échographe demande l'avis d'un autre médecin plus expérimenté car elle voit mal. Il arrive, ils sont trois sur moi. il confirme la grossesse gémellaire / ah mais peut être pas / c'est pas sûr / on voit deux sacs mais sous un certain angle on dirait que ça fait comme des lunettes / les deux sacs sont peut être reliés / pas sûr / faut revenir ! En tout cas il ne voit qu'une seule vésicule vitelline.
La semaine suivante, ils sont toujours à trois c'est flippant et rassurant en même temps. Mais je flippe de plus en plus. On me dit pas de grossesse gémellaire finalement mais plus de vésicule vitelline n'ont plus. mais bon les questions tournent plutôt autour de mon utérus. Est-ce un utérus bicorne ou un utérus cloisonné ? Faut revenir la semaine suivante. La semaine suivante, l'échographe expérimenté est tout seul. on voit bien l'embryon et la vésicule vitelline mais c'est trop petit. Et là le médecin me dit bon je sais que c'est dur mais je vais le prononcé on va pas vous faire revenir toutes les semaines la grossesse est arrêtée ! Encore ! Je sens d'un coup tout ce qui tenait encore debout en moi se briser. On me dit : Ne vous inquiétez pas / la prochaine fois sera la bonne/ vous êtes encore jeune / ça arrive / c'est courant / allez prendre un petit café et l'obstétricienne va venir vous voir / allez courage ! Je vois la médecin elle me propose un curetage je ne suis pas prête je ne veux pas le perdre, j'arrive pas a m'arrêter de pleurer, j'ai bien entendu que c'était déjà fini mais pas pour moi, pas comme ça, c'est impossible, elle me donne des médicaments, elle me voit pleurer beaucoup, elle me dit : que se passe t il? J'ai envie de lui répondre par un hurlement, sérieusement ? Que se passe t il? Elle me dit qu'il faut garder espoir et de nouveau / ça arrive ! Je repars avec les médicaments, je me sens morte littéralement comme si on avait brisé mon intérieur. J'attends 2/3 jours pour prendre les médicaments, je les prends, je saigne un peu, très peu (à peine 2 serviettes), j'attends, rien. J'ai rdv une semaine plus tard pour l'écho de vacuité. Et durant cette semaine, physiquement rien.
J'arrive à l'écho, le gars de l'accueil trouve pas mon rdv et puis un moment il me dit "ah mais vous n'êtes pas enceinte, vous ! C'est en gynéco votre rdv? Je ne réponds rien, je m'effondre en larmes, il insiste : vous n'êtes pas enceinte ? J'arrive pas à répondre, il insiste encore, vous êtes enceinte ou pas enceinte ? Je bredouille "je viens de le perdre" entre les larmes, le masque, et la vitre, il n'entend pas, il me fait répéter 3 fois ! C'est au dessus de mes forces. J'ai l'impression qu'on m'achève ! Quand il finit par comprendre, Il est tout gêné, du coup, il me fait passer en priorité mais ma Doc est au bloc, faut attendre dans la salle d'attente avec toutes les mamans enceintes... Arrive le rdv, elle me fait une écho, il est bien là mon bébé. Mort certes, mais il est bien là. Je me rappelle un sentiment très étrange comme si j'étais soulagée et qu'en même temps je recevais un nouveau coup de poignard et j'arrêtais pas de dire : J'ai lu sur internet des histoires incroyables de foetus qui finalement évoluaient normalement, c'est peut-être que c'était trop tôt. Que c'était un début lent... Mais je n'ose pas en parler.
Elle me programme un curetage donc. Pour la semaine encore d'après. Ma nièce m'envoie un texto tout joyeux pour m'annoncer sa grossesse - personne n'a eu dans ma famille la gentillesse de la prévenir de ce que je vivais- et boum les deux pieds dans le plat avec plein d'émoticones C'est pas de sa faute mais c'est un poignard de plus dans mon cœur. J'appelle une amie qui a perdu un bébé quelques mois auparavant je me dis qu'elle peut comprendre ma douleur. D'autant que j'ai la pour son accouchement a 18 sa. Et au lieu de ça elle m'exprime que pour elle c'est très dur d'entendre mes histoires parce que "je tombe enceinte tellement facilement " - waouh - qu'elle grande chance j'ai ! je tombe enceinte facilement mais je les perds tous ! Y a vraiment de quoi m'envier c'est vrai d'autant qu'elle n'a aucun pb de fertilité ! Mais je ne réponds pas ça, je sais que c'est une période douloureuse aussi pour elle, je dis "je comprends, je suis désolée si c'est compliqué pour toi je ne voulais pas te faire de peine" (ce qui est vrai par ailleurs) et je raccroche le cœur serré en me sentant encore plus seule.
Le sur-lendemain la secrétaire me rappelle le curetage pour la semaine d'après ça va pas être possible ils ont aucune bloc de dispo, donc la semaine suivante ? 15j ça me paraît être une éternité, je me dis que je peux pas rester si longtemps avec un bébé mort. Ça fait déjà 15 j que je le sais + 15j d'attente pour le bloc, ça va faire un mois au total. Mais pas le choix. Et puis la date ne me va pas du tout. Rdv anesthésiste un jour où j'ai pas de mode de garde pour ma fille, test pcr obligatoirement à l'hôpital sur le créneau des bébés nageurs (mini perspective de joie) et curetage un jour où je dois annuler un mission super importante pour moi au travail. La totale, je me dis que vraiment rien ne me sera épargné, aucune douceur ne viendra apaiser ce moment atroce ... J'accepte. A la maison je pleure bcp. mes proches tentent de me rassurer : Mais c'est pas un bébé à ce stade / après ce que t'as dit le gynéco tu réessayera pas hein! / T'as une fille c'est déjà bien le reste c'est un plus ! j'appelle la psy qui m'a suivi pendant la grossesse et la Neonat pour ma fille. Elle me dit qu'elle comprends que tout ce temps c'est difficile, elle me dit que ce serait bien que j'ai une nouvelle écho avec un médecin qui prenne le temps de m'expliquer, de me montrer pour que je puisse faire le deuil et dire au revoir à mon bébé et qu'il faut que le curetage soit fait plus rapidement car c'est trop douloureux pour moi de rester comme ça. Elle me trouve un rdv pour la semaine d'après dans la maternité où elle bosse. Le médecin prend 1h30 pour me montrer, m'expliquer, il passe tout en reçu, mes ovaires, mon utérus, le fœtus tout. Il est super et il programme un curetage pour 2 jours après. De nouveau, j'en parle à mes proches . Je leur dit combien je suis malheureuse combien je me sens brisée. Je demande à ma compagne de m'accompagner le jour j. Elle peut pas. Elle a des rdv de boulot qu'elle peut (veut) pas louper. Je m'arrange avec une copine pour qu'elle vienne me chercher après l'anesthésie générale. Le matin de l'hospitalisation, ma compagne me dit : tu prends le bus ou je te dépose ? Elle me dépose. Je suis là à l'accueil de la mater, j'attends, j'ai peur, je sais pas pourquoi mais j'ai peur de cette opération. Personne ne m'appelle ni ne m'envoie un message, personne.
On me prend en charge quand je me réveille, je pleure beaucoup, la mater a eu la gentillesse de me mettre dans une chambre seule mais j'entends quand même les bébés des chambres à côtés, en fin de journée, je sors ma pote me ramène chez moi. Ma compagne a fini ses rdv mais elle doit repasser au bureau ! J'ai un ami au téléphone, je lui raconte (il ne savait pas) et là il me dit "ah mais t'as fait IVG en fait!" Les jours qui suivent j'explique à ma famille que je me suis sentie abandonnée de n'avoir aucun message de leur part. Ils s'en vexent en me disant que bon c'est un mot trop fort ! Que j'ai pas le droit de ressentir ça ! Que eux aussi ils ont leur problème. Depuis j'ai l'impression de me refermer de plus en plus sur moi même. Je n'arrive plus à parler vraiment, tout me paraît dur et lourd et sombre, je tiens debout pour ma fille mais je ne ressens aucune joie. J'ai peur de ne plus jamais ressentir autre chose que ce que je ressens en ce moment. Je pleurs parfois au milieu de la journée sans aucun élément déclencheur. J'imagine en permanence le poids de mes bébés si j'avais pu les tenir dans mes bras. Je sais que c'est de la faute de personne mais j'ai l'impression qu'on me les a volé. Que la vie m'a volé mes bébés et je sais pas quoi faire de toute cette colère et dégoûte cette peine en moi. J'ai juste envie de hurler que c'est injuste et dégueulasse et atroce ! Au lieu de ça faut se lever et aller travailler et aimer encore plus et protéger ma grande fille. Je culpabilise qu'elle ressente mon stress et ma peine. Depuis le moment des médicaments, elle me colle son poupon en permanence dans les bras. Je trouve ça très dur. Je sais que le temps va m'aider mais pour l'instant j'ai juste la sensation de perdre pied et de m'enfoncer un peu plus chaque jour à l'intérieur sans que rien ne change à l'extérieur."
MERCI CATHERINE POUR TON TÉMOIGNAGE
Il faut du temps pour se relever de la perte de nos bébés, je suis de tout coeur avec toi ;-)